Merci Lalie, ça m'aide beaucoup ce que tu racontes : le fait que le bibou soit hyper demandeur pile quand on cherche à diminuer les tétées, le fait que ce soit eux qui nous centrent. Depuis ce matin j'ai lâché la pression par rapport à l'allaitement, ça me fait un bien fou, ça fait 15 jours que je suis à côté de la plaque, ça m'épuisait...
Je crois que j'ai compris ce qui se passe la nuit, pourquoi c'est moi qui demande à Nérée de se réveiller inconsciement. Je vais vous raconter les débuts de mon allaitement et je pense que vous allez vite comprendre.
2 jours après sa naissance, Nérée a eu une fièvre, il a été transféré en réa pédiatrique à Montélimar. Déjà j'ai eu un choc terrible quand on m'a annoncé à 6h30 du mat' après la toilette que dans un quart d'heure l'ambulance serait là et l'embarquerait. J'ai appellé Richard en pleurs de la mater, je ne pouvais presque plus parler. Ca a été terrible de l'imaginer seul dans cet hopital. Et ça réveillé toutes les mémoires familiales : ce jour là on était le 3 janvier. 25 ans pile plus tôt, le 3 janvier 1980 mon petit frère naissait et a été muté dans un autre hopital, ma mère a du rester en clinique, elle ne pouvait pas aller le voir à cause des suite de la césa. Elle a passé 15 jours sans le voir. Ca a été un énorme choc pour mes parents. A l'époque j'avais un an et demi.
Donc rebelotte, l'histoire se répète en 2005... L'ambulance arrive en même temps que Richard. On me donne la permission pour accompagner Nérée : je vous dis pas le soulagement, je suis partie à moitié habillée, je les aurais tous embrassées sur la bouche.
Arrivés à Montélimar, Nérée subit des tests dont prélèvement liquide céphalo-rachidien (ils craignaient un risque de méningite). On me fait asseoir sur une chaise pour l'allaiter : Nérée ne pouvait téter que allongé sur le côté et avec un bout de sein ! Ce fut périlleux, surtout avec une heure de sommeil, la fatigue de l'accouchement, la cicatrice du périné complet...
On me dit qu'ils vont le garder une semaine. Apparement une chambre avec lit pour la mère vient tout juste de se libérer. Je prie le ciel pour pouvoir rester avec Nérée. J'ai peur qu'il meure, on ne nous explique pas grand chose. J'ai les larmes pour un rien.
Vers midi enfin la chambre est libérée. Nérée est mis sous antibio sous seringue, une aiguille plantée sur le dos de la main.
Les infi lui donne un bib de lait. J'en pleure de le voir comme ça, gavé par un bib. Je refuse de le donner moi. C'est viscéral, horrible de le voir gouluement ingérer ce putain de lait alors que ça fait 2 jours que je me bats pour qu'il tète. Il est déshydraté, on me répète qu'il est fatigué. Je n'ai pas encore eu ma montée de lait. Je me sens très mal.
L'après-midi je m'endors avec Nérée contre moi dans le fauteuil. Je sens les regards des infis qui n'approuvent pas cette fusion. Re-bib le soir, je passe mon temps à pleurer.
Le comble : le repas du soir, on m'a commandé un plateau repas. Vu que je suis dans un service de pédiatrie réa, il faut que j'aille à l'autre bout du service dans une salle prévue à cet effet pour manger. Une infi m'emmène, ouvre la porte, je me retrouve dans cette salle horrible éclairée au néon, il fait noir dehors. Je pleure et je pleure, toute seule dans cette salle immonde. La bouffe est infecte, vraiment. Je pleure encore. Je touche à peine à cette polente dégueu (régime sans résidu je n'ai droit qu'aux féculents). Je retourne vite voir Nérée.
Je m'endors.
Puis les jours suivants : l'enfer niveau allaitement. Nérée ingurgite les bibs en moins de 2, il semble crever la dalle. Je suis mal de sentir que je ne peux pas le nourrir. On ne me le laisse que très peu au sein "ça va le fatiguer !!". Je suis obligée de me battre pour l'avoir une demi-heure au sein avec le bout de sein qui tombe : c'est la galère, il met déjà un quart d'heure mini pour parvenir à téter, je ne vous dis pas le stress.
Heureusement ma montée de lait se fait +++. Je peux tirer mon lait, ce qui m'évite des douleurs en engorgement. Les bibs de complément sont faits avec mon lait, ce qui me soulage beaucoup. Un infirmier de nuit a pris beuacoup de temps pour m'expliquer leurs protocoles d'allaitement (je ne peux pas y couper). Je suis perdue, je ne sais plus comment faire. J'essayes de concilier leur vision des choses (risque pour Nérée d'être déshydraté) et mon allaitement. Donc je cède du terrain sur leurs exigences et ainsi je peux exiger à mon tour certaines choses.
On me fait mettre Nérée au sein toutes les 3h. Pas plus d'une demi-heure de tétée (ils sont à cheval +++ là-dessus, impossible d'y couper) puis bib de complément pour éviter la déshydratation. Pesées avant et après chaque tétée.
Je suis obligée de m'y conformer. Et voilà que je donne le sein par demi-heure toutes les 2 à 4 h (faire attendre mini 2h Nérée entre chaque tétée mais au-delà de 4h le réveiller). La nuit, on me réveille toutes les 3h. A force même plus besoin qu'on vienne, je me réveille de moi-même. Je réveille Nérée qui dort profondément. Je lui change la couche pour qu'il se sorte de la torpeur de la nuit, je le mets au sein. Quand il ne tète pas j'ai une angoisse ++++ qu'on vienne me le gaver. Je l'encourage, je suis parfois aux bods des pleurs de voir qu'il ne prend pas. C'est une pression très importante. Pesées avant après et en fonction du lait pris, complément de mon lait en bib. Heureusement je suis une vraie vache à lait (mon corps à du comprendre qu'il fallait y aller !). Parfois j'ai une boule énorme dans la gorge de voir que Nérée n'a quasi pas pris pendant la tétée. Au bout de quelques jours, la balance indique que Nérée a bien pris (je crois que cette balance était de toute façon fausse car parfois elle indiquait que Nérée prennait 50g alors qu'il avait à peine téter sur la demi-heure et parfois l'inverse !!) : c'est ce qui m'a sauvée d'ailleurs, ça lui a éviter des compléments même quand il avait pris très peu au sein.
Parallèlement, on essayait de faire téter Nérée sans le bout de sein : la galère, j'ai laissé tomber.
Au bout de 4 jours, Nérée avait repris son poids de naissance : il m'ont enfin foutu la paix avec les compléments, il n'a plus pris que le sein. Parallèlement les résultats des tests étaient tous négatifs, oufffff.... Il nous a fallu plusieurs jours pour ne plus croire qu'il allait peut-être mourir !!
Une semaine après la naissance, on est rentrés à la maison. J'ai suivi les protocoles de tétées toutes les 3h pendant 24h et pfit j'ai tout envoyé ballader car je sentais bien que ça n'allait pas. J'ai laissé Nérée au sein : il est resté une heure et demi !!! puis j'ai fait l'allaitement à la demande, j'y ai pris beaucoup de plaisir.
Dans le premier moi, il a fallu sevrer assez brusquement du bout de sein car je me suis fait une allergie au silicone, je ne les supportais plus puis il y a eu le pic de croissance des 3 semaines.
Je stressais toujours qu'il ne prenne pas assez. Dès qui'l ne réclamait pas pendant quelques heures, j'angoissais.
Visite des un mois chez la pédiatre : elle le pèse et me dit que c'est limite bib de complément !!!! Je ne l'écoute pas, je me fais confiance, je suis toujorus anxieuse par rapport à son poids. Je passe énormément d'énergie pour qu'il puisse téter correctement. Je suis stresse beaucoup qu'il ne prenne pas assez.
Puis visite du 2ème mois : +un kilo !!! Victoire !!! Petit à petit je déstresse. 3ème mois : + 800g, tout va bien. Depuis pas de souci, je ne stresse plus par rapport au poids.
Mais je crois que cette période est restée gravée en moi, et je me demande si Nérée ne se réveille pas encore maintenant pour téter à cause de tout ce vécu. A l'époque pour moi c'était super important qu'il prenne du poids, qu'il tète. L'allaitement : c'était vraiment dans mes trippes, il fallait que j'y arrive.
Voilà, vous comprendrez peut-être mieux les problèmes que je rencontre actuellement. C'est en réfléchissant ce matin aux réveils constants de Nérée la nuit que tout est remonté à la mémoire, j'ai été assez éprouvé à vous écrire ces lignes, c'est du non traité, je n'en ai jamais reparlé depuis la naissance de Nérée. J'ai enduré beaucoup de choses les 10 premiers jours de vie de Nérée : accouchement, périné complet, hospitalisation, moi oubliée, taritée comme un bout de viande...
Merci d'être là les filles